Hans Kollberg
Français : Objectifs : Des études cliniques sont menées en Suède et en Europe depuis 22 ans auprès de patients atteints de mucoviscidose sous IgY anti-pseudomonas (IgY anti-PA) pour prévenir les infections à Pseudomonas aeruginosa (PA) afin de déterminer l'efficacité et les effets indésirables. Les résultats prometteurs ont valu à l'IgY anti-PA une désignation de médicament orphelin en 2016. Études : Une étude de phase II a été menée entre 1995 et 2002 : Deux groupes de patients infectés par intermittence par PA : un groupe a reçu des IgY anti-PA, l'autre groupe n'en avait pas. Les microbiologistes ne savaient pas de quel groupe provenaient les analyses. Une étude prolongée en Suède s'est poursuivie de 2002 à 2011. Grossesse : Deux femmes atteintes de mucoviscidose, dont une deux fois, ont pris des IgY anti-PA pendant leur grossesse. Transplanté : Un garçon transplanté il y a 12 ans en raison d'infections à PA et Atyp.Mycobact. Etude de phase III 2002-2017 : Une étude multicentrique menée dans neuf pays européens.
Résultats : Phase II : Groupe avec IgY anti-PA : 2,35 cultures PA positives/100 mois ; Groupe non traité : 7 PA positives/100 mois. La durée de la première à la deuxième colonisation par PA a été significativement prolongée pour le groupe traité par rapport au groupe témoin (Kaplan-Meier p = 0,015). Le temps écoulé entre la première infection par PA et l'apparition d'une infection chronique a été prolongé dans le groupe traité par IgY anti-PA. Le temps écoulé jusqu'à la transformation de PA en forme mucoïde sévère a été prolongé. La fonction pulmonaire et l'IMC ont été bien préservés. Groupe prolongé : effets similaires à ceux de la première étude. Trois grossesses se sont bien déroulées et ont donné naissance à trois bébés en bonne santé. Pat. transplanté : Pas de nouveau pseudomonas ou de mycobactérie atypique après transplantation. Les quelques infections dans le groupe traité ont minimisé le besoin d'antibiotiques. Phase III : L'étude s'est terminée en juin 2017. Au total, 144 patients dénombrables ont été inclus. Les résultats seront disponibles au printemps 2018. Tous les patients ont effectué plus de 250 000 gargarismes et aucun effet indésirable n’a été signalé.
Discussion : L'IgY anti-PA a montré de bons résultats tant en termes d'efficacité que d'absence d'effets indésirables. Il réduit l'utilisation d'antibiotiques et donc le risque de bactéries résistantes. Le gargarisme est pratique à utiliser. Le traitement est rentable. Le coût de l'IgY anti-PA est bien inférieur à celui des antibiotiques. Les coûts des jours de maladie et d'hospitalisation seront bien inférieurs.
Conclusion : Espérons que l’étude de phase III en double aveugle et randomisée actuellement en cours donnera les résultats attendus et que les IgY anti-PA pourraient être enregistrées et que les médecins pourront administrer des IgY anti-PA à tous les patients atteints de mucoviscidose éligibles.
Remarque : ce travail a été présenté lors d'un événement conjoint lors de la 22e édition de la Conférence internationale sur l'immunologie et l'évolution des maladies infectieuses et de la 12e édition de la Conférence internationale sur l'ingénierie tissulaire et la médecine régénérative du 10 au 11 mai 2018 à Francfort, en Allemagne.