Enow Orock GE, Takang W, Enow Orock A, Ewane TP, Egbe OT, Halle Ekane G et Mbu RE
Contexte : Bien que la prévalence nationale de l’infection par le VIH ait diminué ces dernières années au Cameroun, les patients atteints de tumeurs malignes liées au VIH, en particulier le cancer du col de l’utérus, sont en augmentation. La prise en charge de ces patients dans notre contexte constitue un énorme défi. Les deux maladies, respectivement et collectivement, ont une morbidité et une mortalité élevées. Peu d’études sur le profil des patients atteints à la fois d’une infection par le VIH et d’un cancer du col de l’utérus ont été menées dans notre contexte, alors que leur connaissance est essentielle dans les stratégies de prise en charge à court et à long terme des deux maladies. Cette étude visait à trouver les facteurs associés à la comorbidité du VIH et du cancer du col de l’utérus.
Objectif : L’objectif principal de cette étude était de découvrir la relation entre le cancer du col de l’utérus et l’infection par le VIH parmi les patientes de notre communauté. Plus précisément, nous voulions découvrir le temps de transition du cancer du col de l’utérus séropositif au cancer du col de l’utérus séropositif chez ces patientes.
Matériels et méthodes : Il s’agit d’une étude pilote prospective, transversale et multicentrique d’une durée d’un an, de janvier à décembre 2015, dans 5 hôpitaux répartis dans 3 régions du pays. Des données vitales sur les patients et des données concernant respectivement l’infection par le VIH et le cancer du col de l’utérus ont été collectées et analysées.
Résultats : Nous avons trouvé 66 patients atteints de diverses lésions cervicales malignes avec une co-infection par le VIH dans cette étude. L'âge des patients était compris entre 24 et 71 ans et la majorité (63,6%) était âgée de 40 ans et plus, 56% avaient atteint au moins un niveau d'éducation secondaire et la majorité était mariée (70%). La principale constatation était une lésion épidermoïde qui était un carcinome invasif (68,18%) ou une dysplasie (16,66%). Le sérotype du VIH le plus courant parmi les patients était le type 1 (66,7%), bien que dans 18,2% des cas il y ait eu une co-infection par le VIH de type 1 et 2. La majorité des cas avaient un taux de CD4 inférieur à 400 cellules/mm3. La durée moyenne de l'infection avant l'apparition du cancer était de 2,5 ans. Dans tous les cas, le cancer a été diagnostiqué après l'infection par le VIH.
Conclusion : La prévalence de la comorbidité VIH et cancer du col de l'utérus est en augmentation dans notre communauté. Le cancer du col de l'utérus survient quelques années après l'infection par le VIH. Les facteurs de risque de ces comorbidités comprennent l'infection par le VIH de sérotype I, un faible taux de CD4, le fait d'être mariée et un niveau d'éducation élevé. Cette conclusion est basée sur la taille de notre échantillon et sans tenir compte du facteur revenu parmi les patients.
Bien que la lésion épidermoïde soit plus prédominante, l'adénocarcinome est également fréquent chez les patients. Le dépistage et le traitement du cancer du col de l'utérus ainsi que les stratégies de gestion appropriées du VIH doivent être instaurés dès le diagnostic de l'infection. La surveillance du cancer du col de l'utérus doit être intensifiée au cours des premières années suivant l'infection par le VIH.